Le paysage commença peu à peu à se dessiner. On pouvait voir du bateau la plage de sable blanc précédant de vastes plaines et champs de céréales dominés par des cités éparpillés. Après avoir mis mon uniforme, je rejoignis le capitaine Sha Ao se tenant à coté du gouvernail, regardant les hommes se préparer pour accoster.
"Alors c'est ça le Vieux Monde... dis-je d'un air enfantin.
-Ce n'est qu'une petite partie du Vieux Monde, vous savez... Si je ne me trompe pas, ce pays s'appelle la Tilée.
-La Tilée? répétai-je.
-Oui. D'après nos érudits, c'est un pays anarchique gouverné par des princes marchands habitant chacun dans une des nombreuses cités dispersées dans ce pays.
C'est à ce moment là que les trois navires touchèrent le sable blanc et s'arrêtèrent lentement. Les marins placèrent un pont entre le bateau et la plage pour pouvoir y débarquer provisions et troupes. Les premiers à quitter le navire furent le capitaine et moi-même, accompagnés par une escorte d'hallebardiers. Lorsque mon pied toucha le sable blanc, je ne pus résister à l'envie de tomber à genoux et de le caresser de mes mains. Je vis le capitaine sourirent et je me remis de suite debout, un peu gêné.
"Ne soyez pas gêné voyons! me dit-il en rigolant, Vous n'êtes pas le seul à aimer faire ça. reprit-il en regardant derrière moi.
Je vis alors en me retournant que la plupart des hommes qui descendaient des navires faisaient comme, d'autres allant même jusqu'à se coucher en rigolant. Les moines-guerriers et les guerriers-singes, eux, restaient toutefois impassible face à ce nouveau monde.
Quand tout le monde et toutes les affaires furent débarqués, l'armée se mit en ordre de marche d'une manière des plus organisées et des plus rapides, avant de se mettre en route vers le nord. Monté sur un cheval à caparaçon, je chevauchai à l'avant de l'armée au coté du capitaine, lui aussi monté sur un cheval pareillement équipé que le mien. Nous étions au milieu d'une escorte de cavaliers légers armés d'arcs longs, et suivis par les troupes d'infanteries marchant d'un seul et même pas ordonné. Les moines et les singes, accompagnés par les chiens de pierre, marchaient à l’arrière des troupes, mais cela n'était guère inquiétant, car ils avançaient rapidement.
Nous passâmes non loin d'une ville nommée Remas, d'après Sha Ao, mais décidâmes toutefois de vite s’éloigner de cette ville, de peur d'effrayée la population.
Entre temps, les cavaliers envoyés en éclaireur revinrent avec de sombres nouvelles. Ils nous conduisirent jusqu'à un village en ruine, dont les cendres volant partout ne laissais penser qu'il y avait eu un incendie. D'après les éclaireurs, cet incendie se serait passer il y a quelques mois, les restes carbonisés de carcasses squelettiques venant le confirmer. Les moines-guerriers avaient également senti qu'une puissance maléfique était passé par ici, et serait donc la cause de ce massacre. Détournant mon regard de ce macabre spectacle, j'ordonna à mes soldats de reprendre la route vers le nord, laissant ces ruines en me disant que c'était un bien triste monde si cela était quotidien.
Une question me tracassa néanmoins durant tous le voyage: Quels étaient les raisons de ce voyage, et pourquoi l’empereur m'avait-il choisi moi?