Demeure d'Aérëndil, Ellyrion

Notre route se séparait, après tant de jours et de combats passés ensemble, Aérëndil rentrait chez lui, mais il me tendit une lettre avant de partir. Perplexe, je l’ouvrais tandis qu’il s’éloignait. Ce brave elfe, celui que je considérais désormais comme un ami, m’avait obtenu une audience auprès de notre roi phénix, Finubar le voyageur, puis m’avait invité pour me remettre un objet qui avait appartenu à ma sœur disparue. Ces derniers cadeaux me réchauffèrent le cœur, non seulement Aérëndil avait fait en sorte de rendre l’honneur perdu de ma famille, mais il allait me rendre espoir vis-à-vis de ma sœur. L’esprit tranquille, je m’approchai alors du grandiose palais du roi phénix, prêt à affronter n’importe quelle épreuve pour enfin obtenir ce que je souhaitai.

Un garde lourdement armé m’arrêta devant les imposantes portes aux harmonieuses décorations du palais, je lui présentais alors la recommandation venant du prestigieux Aérëndil et enfin je pus pénétrer dans le bâtiment et arriver devant le trône ouvragé de notre souverain, présenté dans ses plus beaux atours. Je mis un genou au sol, baissai la tête en signe de soumission, chose rare pour un noble de Caledor aussi fière que moi, mais la mort de beaucoup d’elfe pesait sur moi. Je pris alors la parole, ouvrant ainsi le discours qui changera ma vie à jamais.

-Je suis Ameanor Dréanoc et je viens vous voir à propos de la recommandation du général Aérëndil, de la famille des Finwë.

-Je sais qui vous êtes, et je sais ce que vous avez fait. Non seulement, vous avez éloigné de précieuses troupes de nos côtes ravagées par la guerre, nous rendant ainsi plus vulnérable et ce sans que vous n’ayez aucune autorité pour, mais de plus, vous avez condamné leur vie, vous les avez mené vers leur fin certaine. Ces elfes avaient une famille, chaque mort sera suivi d’un long deuil et de nombreux pleurs. Votre irresponsabilité et votre arrogance devraient vous mener dans une geôle de mon palais pour des décennies à venir.

Je restais silencieux, me préparant à combattre le premier serviteur qui m’emmènerait passer des années dans une cellule, signant ainsi ma mort certaine. Mais je ne pouvais abandonner l’idée de retourner chercher ma jumelle, j’étais si proche que j’étais prêt à en découdre avec tout ce qui s’opposait à moi. Cependant personne ne bougea, et Finubar prit une voix plus réflexive et plus calme.

-Néanmoins… Vous avez non seulement su repousser un des implacables raides Durchii, mais aussi pénétrer leur terre et en ressortir vivant. Nous sommes assiégés de toute part, nos ennemis sont légion et de notre sort, dépend celui du monde. Vous avez démontré un incroyable talant de combattant, ainsi que de meneur d’elfe, c’est pourquoi j’ai décidé d’accéder à la demande du général Finwë, mais sachez que je garderais toujours un œil sur vous. Debout général, et partez.

J’étais heureux, enfin les puissants seigneurs qui avaient peuplé ma famille au temps de la déchirure seraient honorés, enfin j’avais toutes les chances de retrouver celle que je cherche, bien que je sache que mon titre venait plus des relations qu’entretenait mon ami qui m’avait recommandé que du réel vouloir de notre seigneur. Me sentant des plus faibles, je pris tout d’abord la route de Saphéry, rencontrant une autre puissante relation d’Aérëndil. Durant près d’une semaine, Hellröir Manän me soignait avec de puissants sortilèges couplés des prières des prêtres d’Asuryan. Je sentis alors la douleur me quitter peu à peu, et bien que mon bras n’ait pas récupéré sa vivacité d’antan, la nouvelle force qui avait été insufflé en lui était suffisante pour que je puisse l’utiliser à mon bon vouloir, que ce soit au combat ou dans la vie courante.

Je me hâtai alors de rejoindre mon ami qui m’avait invité, passant par ma contrée natale montagneuse. Je pouvais voir au loin de la fumer s’élever de l’enclume de Vaul, tous pouvaient entendre le bruit des marteaux des forgerons aveugles qui frappait le métal chauffé au plus profond des laves du plus grand volcan de la région. Je partis alors la rejoindre, sentant que l’œuvre ainsi forgée m’était destinée. Lorsque enfin j’arrivais devant le pont-levis d’acier enchanté, je le vis se baisser, un elfe aveugle et emplit de cendres m’apporta alors une armure dorée, aussi finement ouvragée que solide. En voyant le casque, aucun doute n’était possible, désormais je disposais du dernier symbole de la puissance des princes dragons de Caledor, leur armure enchantée qui ne pouvait être passée par le feu.

Partant enfin pour ma destination, dans ma nouvelle armure, une cape blanche décorée d’un dragon d’or, je recrutai de fier guerrier Caledori, portants tous nos couleurs et arborant les bannières qui racontaient l’histoire de notre puissance. Près d’un mois après mon débarquement, j’arrivais aux portes de la demeure de mon ami, Aérëndil, dans ma nouvelle armure brillante, accompagné de mes quinze princes dragons, offrant ainsi le magnifique spectacle du défilé des meilleurs cavaliers du monde, arborant une bannière dessinant Indraugnir, le père de tous les dragons, combattant un buveur de sang, démon majeur de Khorne.

Posant le pied-à-terre, je frappais alors à la porte de la demeure, attendant qu’enfin ce qui appartenait à ma sœur me soit rendu.

Spoiler:

Un valet vint m’accueillir à la porte avant de prévenir la maisonnée de ma venue, m’amenant alors dans la cour de la somptueuse bâtisse. Aérëndil, accompagné de son fils qu’il entrainait, me receva chaleureusement et congédiant les nobles Caledoris qui me suivaient. S’ensuivi des présentations de sa nombreuse famille, de son fils à ses géniteurs, en passant par quelques tantes et oncles et même une sœur nouvellement née. Quelque part, la vision de la dynastie des Fiwë réunie en ces lieux mettait en évidence la situation désolante de ma lignée, réduite à ses plus bas effectifs que sont mes parents et moi-même, oncle et tantes ayant tous disparu au cours des nombreuses guerres qui ravagèrent Ulthuan. S’éloignant pour se changer, Aérêndil me laissa seul parmi les siens, qui animaient une conversation animée, partant des intrigues politiques du moment et allant jusqu’aux plus vieilles légendes de ma région natale.

Je répondais à toutes les questions qui m’étaient posées, parfois avec une voix empreinte de nostalgie, surtout lorsqu’il fallait que je parle du temps où les dragons tournoyaient autour des grands volcans de Caledor et planaient au-dessus de ses champs verdoyants. Ce fut lorsque je racontais les antiques batailles que mes ancêtres avaient menées à dos de ces puissants reptiles qu’Aérëndil arriva, vêtu de ses plus beaux habits, et nous commençâmes alors un repas composé des meilleurs mets de l’île-continent, cuisiné avec une incomparable finesse, rivalisant presque avec les grands festin de la cour du roi phénix. Mais pas à un seul instant je n’avais oublié la raison de ma venue, pas une seules seconde, mon esprit ne s’était éloigné de ma jumelle.

Lorsque le repas se termina, je partis rejoindre Aérëndil dans son bureau, tandis qu’il sortait une boîte ouvragée, serti de pierre précieuse, découpé dans un des bois les plus nobles et découpé en d’harmonieuses courbes. Ce qu’il en sort sortir me fit le même effet qu’une lame pénétrant au plus profond de mon être. Il me montrait le collier de ma sœur, celui que je lui avais moi-même offert le jour de mon départ pour mon service, le jour ou je décidais de renier ceux qui m’avaient mis au monde. Je me souvenais lui avoir offert un tel cadeau pour que jamais nous ne soyons trop éloignés, en guise de preuve de la puissance de l’amour fraternel qui régnait entre nous. Jamais elle ne l’avait quitté, et elle ne l’aurait abandonné pour aucune raison. Prenant le collier des mains de mon ami, je me perdis dans sa contemplation, instaurant un silence comparable à celui qui régnait dans le temple d’Asuryan. Je finis par relaver la tête, mon regard n’était plus empreint d’arrogance, de peur ou d’espoir, non, mais de la certitude de posséder le savoir absolu. D’une voix solennelle, je brisai alors le silence tout en accrochant le collier à mon cou.

-Elle est en vit, je le sais. Je pars pour Naggaroth sur-le-champ, je la retrouverais, qu’elle soit au plus profonde des cachots du roi sorcier ou dans le plus terrible temple de Khaine. Je jure devant Asuryan que je la ramènerais, et que ma chaire soit consumée par ses flammes si j’échoue à cette tâche.

Sans plus mot dire, je me levais, poussait la porte et sortais de la grandiose demeure, partant pour accomplir mon serment, partant pour ma gloire ou ma fin, prêt à affronter la cruelle Naggaroth une nouvelle fois, prêt à traverser la dangereuse jungle de Lustrie, à m’enfoncer dans le plus chaud désert d’Arabie et à retourner à la source des vents de magies, dans le nord où jamais les démons n’ont été aussi forts s'il le fallait.