Marchant à travers les bois, nous partîmes alors à l’est, là où notre salut nous attendait, sous la pluie et le vent glacé parcourant la rude contré de Naggaroth. Aérëndil s’était écroulé, incapable de marcher seul, plongeant dans un coma fiévreux. Sa blessure provoquée par le fouet sale du gigantesque buveur de sang s’était infectée, le médecin de campagne qui nous suivait ne pouvait guère aider avec les moyens limités dont il disposait et le travail considérable fourni par la sanglante bataille dont nous sortions. Son état précaire m’inquiétait au plus haut point, autrefois, il m’avait sauvé la vie alors que j’étais aussi mourant que lui, je ne pouvais me permettre de le perdre, ne serait-ce seulement parce que j’avais une dette envers lui. Nous ne dormions jamais plus de cinq heures, avançant rapidement à travers le pays et priant pour que nous ne fassions de rencontre fortuite, car nous ne vaincrons certainement pas.
Mais, au crépuscule du quatrième jour, nous arrivions enfin à la berge, devant le grand océan salvateur et nos impressionnants navires cachés dans une crique. Je fis embarquer nos soldats au plus vite, nous n’étions toujours pas en sureté et Aérëndil commençait à délirer dans son sommeil, suintant de sueur. La peur de le perdre se faisait de plus en plus forte, voilà un drame auquel je n’étais pas certain de survivre. Les voiles blanches se déroulèrent sur les mâts, les ancres se levèrent et nous partîmes rejoindre notre continent, abandonnant Naggaroth pour le plus longtemps possible. Je restais au chevai de mon ami durant tout le voyage, assistant le médecin malgré mon rang, je me tenais responsable du mal infligé au pauvre général d’Ulthuan, brulant de fièvre, hurlant parfois et suppliant d'immatériels démons de le laisser en paix. Chaque jour voyait l’espérance de sa vie diminuer, chaque seconde qui passait approchait la venue de son dernier instant, les soins traditionnels ne suffiraient plus à le sauver, mon voyage ne serait pas terminé après mon arrivée.
Le port de Lotherne se dessina à l’horizon. Lorsque les navires s’amarrèrent, je fus le premier à en jaillir sur le dos d’un de nos rapides coursiers, Aérëndil placé devant moi, tenant grâce à la force de mes bras. Son état s’était encore empiré, je pouvais entendre le bruit saccadé de sa respiration difficile et sentir son cœur battre de plus en plus faiblement, mais enfin j’arrivai devant la majestueuse tour de Hoeth, lieu de sagesse et de savoir, symbole de la puissance de nos mages et de la grandeur de notre race. L’attente à sa porte ne fut pas longue, les mages ne pouvaient laisser un être dans un tel état et Aérëndil fut rapidement placé dans un confortable lit, au soin des plus grands mages de ce monde. Je n’avais le droit d’entrer dans sa chambre, dans laquelle j’entendais parfois de terrifiants hurlements entrecoupés d’inquiétant sanglot, et d’autres, un silence de mort aussi effrayant que les cris qu’il poussait. L’attente était des plus longues, les mages refusaient de me donner des nouvelles et chaque jour qui défilait paressait plus long que le précédent, mais après une longue semaine d’attente, on vint me chercher, m’annonçant que mon ami était enfin réveillé.
J’entrai alors dans sa chambre, et je le vis, émincé, fatigué, avec quelque goutte de sueur perlant encore sur son front, une hideuse balafre traversant son œil devenu laiteux, mais bien vivant. Jamais il ne retrouverait l’usage de cet œil, tel était le tribut de notre victoire sur les démons. M’asseyant au côté de son lit, je m’adressai à lui d’une voix douce, heureux de le voire bien vivant, mais souhaitant avoir des réponses quant à certaines choses qui s’était déroulé dans notre combat.
-Mon ami, enfin tu te réveilles, nous avons à parler. Le démon t’a appelé descendant d’Aenarion, quel est cette histoire ? Pourquoi ne m’en avais-tu pas dit un mot ?
Je m’aperçus alors qu’il n’était pas vraiment de bon ton que de parler de tout ceci aussi vite, Aérêndil était fatigué et venait à peine de sortir de son coma, le moment des explications n’était pas encore arrivé.
-Pardonne-moi, c’est moi qui ai donné l’ordre d’avancer face aux démons alors que nous aurions facilement pu les éviter, tout ce qui t’arrive est de mon fait, je suis le seul coupable de ton état.
J’avais prononcé ces dernières paroles avec une aire sincère, ma culpabilité était grande, accentuée par la douleur d’un ami chère.
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Lun 30 Juil - 8:43