Dans une forêt, quelque part en Naggaroth

Mes yeux se rouvrirent dans un flou complet. Les informations se bousculaient dans ma tête, j’étais incapable de réfléchir correctement, la douleur vive dans mon bras duquel coulait encore du sang se mélangeai à la sécheresse de ma gorge, aux courbatures de mes muscles et aux sourdes souffrances que je ressentais au moindre mouvement. Pourtant, seule la mort m’attendait en ces lieux, je le savais. Dans un grognement, tenant mes côtes douloureuses, je me mis en marche. Je partais vers l’inconnu, dans une terre inconnue, je ne savais plus ce que je faisais là, mon front était brulant de fièvre et la seule chose qui me paraissait bien réelle était la pierre que je tenais dans ma main, toujours plaquée contre mon cœur.

Où étais-je ? Que faisais-je ici ? Je n’en avais pas la moindre idée. Après un temps que je ne saurais définir qui me paraissait des années mais qui aurait tout aussi bien pu être quelques minutes, j’arrivai dans un bois sombre, mais je continuai de marcher, droit devant moi. Des scènes me revinrent dans la tête, une femme à genoux, la main tranchée, une épée sombre posée sur le sol, et la pierre, bien entendu. Je faillis m’écrouler, me retenant de justesse sur un arbre. Tenant mon front brulant, je fermais les yeux et me concentrais. Je revis alors la femme précédemment à genoux devant moi, pointant son bâton, je ressentis sa torture et je réentendis son rire si froid et cruel. Je rouvris les yeux, et je me mis à vomir, vomir tout ce qui se trouvait dans mon estomac. Je restais encore quelques minutes assies contre l’arbre -ou quelques jours, je n’en avais pas la moindre idée en fait- puis je repris mon chemin, repartant peut-être sur mes pas car tout ce qui m’entourait était caché sous un voile d’ombre, tout se ressemblait et aucun détail ne m’apparaissait.

Mon voyage se continua, dans ma démarche boiteuse. Je croulais sous le poids de mon armure cabossée, lacérée et couverte de sang mais aussi légère que le cuir, pourtant je n’osais m’en défaire, je voyais en elle le dernier symbole de ma noblesse passée. Un nouveau souvenir surgit alors de ma mémoire, je vis la Durchii planter sa lame dans les côtes d’un de ses escorteurs, je vis l’elfe s’écrouler sur le sol, puis se mettre à rire, pris de démence. Je le vis s’arracher lui-même ses ongles avant de boire son propre sang, toujours en riant. Je le revis s’arracher sa propre langue, puis s’écrouler dans ses rires et ses hurlements pour enfin s’étouffer dans son propre sang. De nouveau, j’allais être pris de vomissement, mais une forte lumière illumina tout mon être, jusqu’à mon âme.

Je sortis des bois, et je me retrouvai devant une armée Assur en marche, l’armure luisante, le pas solide et la démarche empreinte de fierté. Mon regard s’attarda sur leur général, que je voyais clairement. Son long casque ailé se poursuivait par une magnifique crinière pourpre, qui descendait sur ses épaulières aux formes complexes, brillant d'un éclat doré. Le reste de son armure était d’un esthétisme égal, son plastron aux courbes gracieuses était parsemé de rubis parfaitement taillé, disposé sur une armure d’écaille sans la moindre imperfection. C’était Asuryan en personne qui était venu me chercher, j’allais enfin le rejoindre au sommet de sa pyramide et mon calvaire serait terminé. Tombant à genoux, dégoulinant de sueur, le sang coulant encore de mon bras je me mis à parler d'une voix lasse et éraillée.

-Asuryan, je m’en vais enfin, ma tache est terminée.

Je tendis alors mon bras qui tenait le joyau contre ma poitrine, puis je m’écroulais, m’abandonnant de nouveau aux ténèbres de l’inconscience.

Cela faisait maintenant six longues années que nous étions partis en campagne contre nos noirs cousins. Pensif, je songeais a notre départ... Nous avions quittés nos foyers, notre patrie bien aimé, dans l'espoir de rattrapé les Druchiis qui s’étaient attaqués a la porte Nord d'Ulthuan. L'affront avait été lavé dans le sang depuis longtemps, mais un combat en entraînant un autre, nous étions restés dans les froides et sombres plaines de Naggarond.

Je suis Aérëndil~Finwë, Général en chef du 4èm corps d'armée du Roi Phénix, et enfin, après moult combats, je nous ramène tous chez nous.

Mon Ost de guerre, puissant et victorieux de nos ennemis, avançait en colonnes serrées, et dans un silence presque troublant, nous avancions au travers des terres stériles du Nord... Nous longions la lisière de la forêt des murmures lorsqu'un individu surgit hors des bois, titubant vers nous... Je fit donné l'ordre de stoppé la marche afin de parer aux éventuelles menaces que pouvait représenter le pauvre bougre. Après un rapide coup d’œil, il s’avéra que l’être, a demi inconscient, était un Haut Elfe, tout comme nous. Probablement un noble, sortant d'une bataille ou en tout cas venant d'affronté quelque péril étant donné que ses atours richement brodés étaient en lambeaux sous son armure sale et abîmée d'Ilthrimar... Le malheureux s’avança vers moi, dégoulinant de sueur, et s’écroula devant ma monture en me tendant une étrange pierre verte luminescente !

Il se passa quelques secondes, le temps que tous comprennent se qu'il se tramait, après quoi je sautais a terre et m'agenouillais, inquiet, aux cotés du personnage.

-Par Aethis, que l'on fasse venir mon médecin ! Cet Elfe se vide de son sang ! Qui es tu, Oh toi qui me prend pour le père des dieux ? Et qu'est ce que ceci ? Cette pierre émane une lueur diabolique... que l'on place ce bijoux dans une boite runique immédiatement !

-Oui, Général !

-Le Médecin a fait dressé sa tente, Commandeur !

-Vallyän, Tildëw, venez m'aidé ! Portons ce malheureux au guérisseur !

Nous portâmes le pauvre blessé au sein de la tente de campagne d'Earnür, le médecin de notre contingent. Celui-ci lui administra les premiers soins en récitant de longues litanies en faveur des Dieux... Dehors, le camp était dressé, et je faisais les cents pas sous ma tente, débarrassée de mon casque et de mon armure,attendant désespérément des nouvelles de l'infortuné guerrier en priant Asuryan qu'il survive... Un des aides du guérisseur poussa le battant de ma tente :

-Il s'est réveillé !

Je m'empressais d'aller voir cet inconnu, et me retrouvais bien vite a ses cotés. On me tendit un tabouret sur lequel je pris position en passant la main sur le front perlant de sueur du malade...

-Oh Dieux...Il est brûlant de fièvre ! Amenez moi de l'eau ! Le malheureux doit être assoiffé !

Je maintenais la tête du comateux, ses cheveux châtains, soyeux et malgré tout, bien peignés ainsi que ses vêtements en lambeaux et ses quelques bijoux trahissaient sa nature noble. Je pris le gobelet d'argent remplit d'eau et trempais les lèvres de mon compatriote dedans... le pauvre n’était pas bien vieux... dans les 300ans peut être ou 350 au grand maximum... alors que je tentais de lui faire accepter l'offrande fraîche et désaltérante, il ouvrit les yeux et me fixa promptement. Jamais je n'oublierais ce regard d'un vert émeraude, a la fois plein de tristesse, de lassitude et de détresse...

Le monde tourbillonna autour de moi tandis que je m’en éloignais. Doucement, je montais pour enfin arriver dans l’espace infini, emplirent d'étoiles luisantes. Devant moi, se trouvait la pierre bleue que j’avais précédemment vue dans mes rêves, celle qui était enroulée dans un dragon endormi et que je savais désormais ne pas être le joyau que je cherchais. De nouveau, je la pris dans mes mains, contemplant les étoiles qui brillaient en elle, puis je la plaquai contre mon cœur, tout comme je le fis avec l’autre bijou.

Alors, le monde se rapprocha de moi, les étoiles disparurent et mes yeux s’ouvrirent. Un liquide glacé coula dans ma gorge aussi sèche que le désert d’Arabie, me faisant tousser mais me faisant, par la même occasion, le plus grand bien. Je me mis à observer celui qui me faisait cette offrande, si douce et bienveillante, c’était un être gracieux aux cheveux d’un blond de blé, il avait une présence des plus charismatiques mais je m’étais trompé, ce n’était pas Asuryan, le père des dieux. Je me sentis las, las de vivre encore, las de souffrir, las de devoir honorer mon peuple. Puis, je me souvins du navire et des gardes maritimes, ma voix faible, mais qui avait repris de sa douceur, brisa alors le silence.

-Les… Où sont les autres ?

Puis les souvenirs du passage dans la montagne me revinrent en tête, les harpies jetant mes compagnons dans le vide, ma lame frappant ces monstres et les cris de terreur et de douleurs. Puis, je revis les terribles hydres bruler ceux qui avaient survécu, leur nombreuse tête dévorant ceux qui n’avant pas brulé. Et enfin je la revis elle, la sorcière Durchii, je la revis arrachant l’âme de mon frère d’armes sans que je ne puisse agir. Alors, des larmes coulèrent sur mes joues, et ma main vint frotter ma poitrine, là où j’avais tenu la pierre depuis le début de mon voyage.

Mais elle n’était plus là, le dernier souvenir de mes compagnons déchut m’avait quitté, ce pour quoi ils étaient tous morts avait disparu. Non, je ne pouvais oublier leur sacrifice, je ne pouvais oublier la vie qu’ils avaient insufflée en moi lorsque j’étais au plus mal. Cette pierre restera toujours avec moi, jusqu’à ma mort et dans l’éternité de mon tombeau, en symbole de la dette que j’avais à payer envers les elfes courageux qui m’avaient accompagné. De nouveau, je pris la parole.

-La pierre, où est la pierre ? Je… Rendez-la-moi.

Je me rallongeai, tombant de fatigue, brulant de ma fièvre qui commençait néanmoins à disparaitre. Je ne dormais pas, mais mes muscles ne pouvaient me maintenir, mes côtes me faisaient toujours quelque peu souffrir et la douleur de mon bras gauche ne s’était toujours pas estompée. Mais enfin je remarquai que j’étais sauf, pour la première fois depuis ce qui me semblait une éternité, je me trouvais devant un visage amical. Je ne pus que murmurer un léger « merci », présent bien faible comparé à la gratitude éternelle que j’avais pour cet elfe.

L’inconscient me rappela alors, de nouveau je m’en allais du monde des vivants. J’étais dans un état critique, quelques périodes durant lesquelles j’étais dans un état semi-éveillé, regardant des taches floues défiler autour de moi dans des grognements douloureux à chaque secousse, succédaient d'ou je plongeai dans un profond sommeillé, retournant dans l’espace infini, devant le joyau bleu si beau et si réconfortant.

Puis, il vint un jour où, enfin, mon corps sembla me répondre. Mes yeux virent le décor qui m’entourait dans ses moindres détails, je pouvais entendre les pas à l’extérieur de la tente où je me trouvais et les voix si mélodiques des elfes qui discutaient entre eux sans que je ne comprenne qu’un immonde brouhaha, emplissant ma tête jusqu’à la faire imploser. Mes muscles m’écoutaient enfin, se contractant lorsque j’en avais besoin, bien que cela n’engendre une faible douleur en certains points qui furent violemment touchés dans mes combats. Pourtant, je sentais encore des sourdes lacérations dans mon bras gauche qui semblait ne jamais cesser de saigner, boucher la plaie était la seule utilité du pansement qui y était appliqué, toujours rouge de mon liquide vital.

De vagues souvenirs du voyage passé me revinrent, puis une odeur iodée vint m’indiquer que l’océan était proche. Pensant à mon navire caché dans une baie, je voulus me relever, mais je fus vite plaqué dans mon lit par la souffrance provoquée par un mauvais mouvement qui forçait sur mes os se ressoudant doucement. Ne m’avouant pas vaincu, j’entrepris laborieusement de me mettre en position assise, avant qu’enfin mes pieds ne touchent le sol. Un elfe rentra alors dans ma tente, c’était celui que j’avais autrefois pris pour Asuryan, celui à qui j’avais donné ma pierre, et qui ne me l’avait pas rendu. Dans un réflexe, je projetais ma main en direction de mon flanc, là où devait se trouver mon arme, avant de constater qu’aucune pièce métallique n’était en ma possession. Je voulus parler, mais le bienveillant général le fit en premier, me rendant le trésor pour qui tant de mes frères étaient morts.

Après sa brève tirade, il me dit son nom, un nom terrible et magnifique en même temps, un nom qui provoqua un frisson dans tout mon être. C’était un Finwë, de la famille qui trahit notre peuple il y a si longtemps, une famille de guerriers puissants et de généraux avisé dont le nom faisait trembler les plus puissants seigneurs dragon de Caledor, ceux qui avaient vaincu mes ancêtres par le passé. Mais, le général que j’avais devant moi n’était autre qu’Aérëndil, celui qui avait racheté le nom de son clan, celui qui nous avait menés à de nombreuses victoires. J’admirais son courage et sa vaillance, mais la défaite de mes ancêtres qui avait séparé ma famille de ses traditions guerrière laissait une certaine trace d’amertume, que je n’arrivais pas à chasser lorsque je m’adressai à lui, dans une révérence maladroite qui fit apparaitre une grimace douloureuse sur mon visage.

-Vous me voyez honoré de votre présence, auguste Aérëndil, je suis Ameanor, dernier fils de la famille des Dréanoc, noble défenseur de Caledor.

Il s’ensuivit un court silence, durant lequel je repris mon souffle pour conter mon périple à celui qui m’avait sauvé, essayant de cacher mes émotions et serrant la pierre dans ma main.

-Laissez-moi vous expliquer ce qui me mit dans cet état en vous présentant mon périple qui m’amena en ces terres maudites.
Une terrible nuit, il y a quelques mois, des Durchiis débarquèrent dans mon village, tuant femmes et enfants, brulant champ et maisons. Ne pouvant fuir devant cette destruction, je pris les armes et combattis les envahisseurs, prenant le commandement de nos défenses. Ce fut cette nuit qu’un assassin tira un de ses carreaux empoisonnés, me faisant don de la blessure que je porte toujours à mon bras. Au matin, nous fument victorieux, mais je décidai de mener les trente gardes maritimes restant à travers l’océan, pourchassant nos cousins honnis.
Ainsi, j’arrivai jusqu’aux terres de l’empire des hommes, où je trouvai une carte qui donnait le chemin vers un trésor qui nous fut dérobé. Abandonnant alors la poursuite, nous voguions vers ce pays glacé, prêt à récupérer notre héritage perdu, mais je ne savais pas ce qui m’attendait dans les tréfonds de Naggaroth.
Marchant à travers la forêt noire, nous finîmes par nous retrouver devant un pic venteux, traversé par un instable sentier. Poussé par mon arrogance, je menais les elfes dans ce chemin dangereux, où nous fûmes attaqués par des harpies, que je sus repousser au lourd prix de dix de mes frères. Mais ce n’était que le début de notre calvaire, car lorsque nous arrivions enfin dans le puits de Zardok, alors que nous étions si près du but, nous nous confrontâmes à deux puissantes hydres. Le combat fut des plus sanglants, mais la victoire fut encore une fois notre, bien que seulement six de mes compagnons survécussent. Nous nous enfoncions alors dans la terre, traversant un tunnel de plusieurs centaines de mètres jusqu’au moment où nous arrivâmes devant la pierre.
Mais une cruelle sorcière Durchii se trouvait entre nous et le trésor, en un instant, elle mit à bat mes compagnons et nous nous battîmes dans un duel sans merci. Alors que ma vie me quittait peu à peu, cédant face à un adversaire des plus puissants, je finis par enfoncer ma lame dans le cœur glacé de l’elfe déchut.
Depuis lors, j'erre dans cette contrée, aider par les âmes de mes compagnons jusqu’au jour où j’arrivai à vous.

J’attendis alors la réaction de mon interlocuteur, ne sachant s’il allait être pris de pitié en apprenant mon périple, ou si au contraire, la colère prendrait possession de lui lorsqu’il comprendra que j’avais mené ceux qui me faisaient confiance vers une mort certaine.

Le silence était des plus lourds, je ne savais si Aérëndil allait m’envoyer aux fers ou bien réagir d’une quelconque autre manière. Son regard était d’un mélange da froideur et de compassion, prenant une expression proche de celle que devait arborer un grand frère protecteur. Ceci suffit à rouvrir une vieille blessure de plus de deux cents ans au fond de mon cœur, un bref instant, le visage de ma jumelle passa dans ma tête, mais j’eut vite fait de la chasser.

Mais, nous ne pûmes continuer cette conversation, car un lancier vint nous interrompre, prévenant son général de l’arrivée imminente d’un ost Durchii. Oubliant toute la difficulté avec lequel je m’étais levé, je ne pus rester les bras croiser et laisser d'autres elfes mourir pour moi. J’attrapais alors le bras d’Aérëndil, mon regard montrant une profonde détermination.

-Laissez- moi partir au combat à vos côtés ! J’ai vu trop d’elfe mourir autour de moi pour rester ici, à attendre mon heure sans prendre les armes, j’ai vu trop d’horreurs se produire pour ne pas exercer la vengeance d’Asuryan sur ces êtres maudits que sont les Durchiis. Laissez-moi un cheval et laissez- moi vous aider.

Aérëndil sembla hésiter un instant, ne sachant s’il devait me laisser me battre blessé comme je le suis, mais mon regard était des plus insistants et des plus sûrs. J’avais vu les monstruosités dont étaient capables les être maudits qui furent autrefois nos frères, je me rappelais parfaitement de la sorcière arrachant l’âme de mon compagnon, l’offrant à Khaine pour l’éternité. J’étais prêt à me retourner et à brandir ma lame dans un gracieux mouvement circulaire e générale, oubliant toute douleur, porté par une force nouvelle.

Lorsque le capitaine des lanciers entra dans ma tente, empêchant ainsi mes projets, Aérëndil me fit son second, acceptant que je le rejoigne au combat malgré mon état affaibli, en me tendant mon casque brillant. Avec un grand sourire, je le pris avant qu’il ne sorte en direction de sa tente. Je me dirigeai alors vers le mannequin, à gauche de mon lit, sur lequel reposait ma superbe armure flambant neuve. Caressant ses décorations, appréciant les armoiries de ma maisonnée remise en état, je l’enfilais de nouveau avant que mon regard ne se posa sur les deux épées posées au sol. Intrigué, je pris la lame que je ne connaissais pas, la sortant de son fourreau lui aussi neuf. Elle était d’un métal sombre, la tenir me donnait un certain malaise. Je ne sais pourquoi, mais il me semblait que je devais la garder, ainsi, je l’accrochais sur mon côté droit tandis que mon ancienne lame si finement travaillée retrouvait sa place de toujours.

Finissant de fixer ma cape, je sortis du petit espace qui m’était dédié, mon regard s’attarda sur les formidables troupes elfiques qui prenaient position, rangée dans un ordre parfait. Je partis rapidement vers la tente la plus haute et majestueuse, attendre mon bienfaiteur à ses devant, mon corps libéré de l’engourdissement de mon long repos, mes muscles temporairement soignés de leur souffrance par l'adrénaline montante et la pierre qui m'avait tant demander entre mes doigts de ma mains gauche.

Aérëndil me donna un cheval, une nouvelle fois, je chevauchais un noble coursier elfique, prêt à me débarrasser de toutes les menaces qui oseraient se présenter à moi. Nous partions tous deux au galop, rejoindre les rangs scintillant des nobles guerriers hauts elfes, rangés en ordre parfait. Ainsi, nous nous regroupâmes avec l’état-major, portant lui-même les harmonieuses bannières elfiques, l’une aux couleurs des Finwë, famille si respectable, mais si terrible en même temps, l’autre était décoré des plus belles broderies elfiques, c’était une des rares grandes bannières qui rappelaient à notre peuple son âge d’or passé, qui le poussait au combat tel une masse inébranlable et amenait nos fidèles guerriers dans le cœur des combats, tout comme une lame s’enfonçait dans la chaire. Nous fûmes placés sur une colline, de laquelle les forces ombrageuses des Durchiis pouvaient nous apparaitre. De puissants sangs froids, de redoutables gardes noirs, des arbalétriers sombrement équipés, des pillards et des tueurs, voila ce qui se dressait devant nous, mais j’étais prêt à charger, même seul s’il le fallait, car nous sommes les Asurs, et jamais nous ne céderons.

Aérëndil fit un discours qui endurcit le cœur des Hauts elfes, leur donnant espoir et rage de vaincre, leur donnant la force de se dresser face au mal se massant à nos pieds. Nous rejoignant dans la clameur des elfes, il mit ses troupes dans une position faite pour tenir face à n’importe quel assaut, faite pour que nos pertes soient minimes lors des puissantes charges de nos ennemis. Dans un murmure doucereux, affichant un calme exemplaire, je chantais l’ancienne complainte des larmes d’Indraugnir, cachées dans les coins les plus sombres de ma mémoire, chanson qui n’avait pas retrouvé mes lèvres depuis deux siècles, alors que j’avais abandonné les armes, rejoignant les membres de ma famille dans leur combat politique.

Alors que tous finirent de se mettre en position et que je prononçai le dernier mot des tristes aventures du père de tous les dragons, plus grand et plus fort que tous ceux qui vécurent sur cette planète, compagnon d’Aenarion qui combattit les démons durant des siècles avant de succomber à ses blessures dans les iles blafardes après son affrontement victorieux des plus puissants princes démons, mes yeux s’attardèrent sur un détail qui peut-être scellerait notre victoire. Me tournant en direction du grand général, serrant toujours la pierre dans ma main gauche, je m’adressai à lui, toujours aussi calme, bien qu’une arrogance ancestrale apparût quelque peu dans ma voix mélodieuse.

-Leurs rangs sont moins serrés sur leur flanc gauche, je vois une ouverture par laquelle je pourrais manœuvrer quelques cavaliers jusqu’à leurs arbalétriers, détruisant ainsi leur potentiel de tir. Nous autres, princes de Caledor, sommes de grands guerriers et des cavaliers émérites, leurs sang-froid n’auront même pas le temps de réagir alors que nous détruisons leur baliste, une nouvelle fois, nous pourrions montrer notre valeur et nous enfoncer dans les lignes ennemies jusqu’à un point qu’ils n’auraient pensé possible.

Attendant la réponse, je regardais les rangs Durchiis, formant une impassable ligne de lance et de hallebarde, mais seul l’étroit passage entre deux de leurs unités m’apparaissait, assez large pour laisser passer un ou deux cavalier côte à côte, assez large pour que mon plan fonctionne.

Aérëndil ne réfléchit qu’un instant, après quoi il accéda à ma requête, comprenant mon intention. Alors qu’il faisait bander les arcs de nos fidèles archers, je suivis le capitaine des princes dragon, heureux de suivre les ordres d’un des siens, jusqu’aux rangs menaçant des Caledoris. Les flèches commencèrent à pleuvoir sur l’ennemi, me laissant le temps d’arguer mes nouvelles troupes.

-Fier prince de Caledor, il est temps de montrer au monde notre puissance ! Il est temps de prouver à tous ceux qui nous dénigrent que nous n’avons rien perdu de notre grandeur passée ! Nous sommes les seigneurs des dragons, les défenseurs d’Ulthuan et nous ne nous inclinerons devant rien, que ce soit les plus grands démons ou la plus puissante armée dirigée par Malekith en personne !

Alors que de nouvelles flèches amenuisaient les rangs Durchiis, Aérëndil me fit enfin le signale, levant mon arme au plus haut je me mis en première ligne, au point le plus avancer de l’unité.

-Pour l’honneur et la gloire éternelle, CHARGEZ !

Dans un grand cri de guerre, accompagné du son des cors en forme de dragon, nous chargions tous, tel un seul être, prêt à en découdre. Passant par la faille agrandie avant même que les Durchiis ne puissent reprendre position, nous arrivâmes sur les servants de la baliste, pétrifié par la vision de leur mort certaine qui venait au galop, faisant trembler le sol sous leurs sabots. Les faibles elfes noirs ne purent résister, poussé par notre élan nous arrivâmes alors sur les arbalétriers en quelques secondes. Pas le moins du monde ralenti par la rencontre avec l’arme de siège, nos lances s’enfoncèrent profondément dans le corps des Durchiis tandis que nos sabots écrasaient ceux que nous n’avions tués, toujours au sont des cors de guerre. Les tireurs s’enfuirent alors dans toutes les directions qui leur étaient données, tentant d’échapper à leur destin funeste. Voyant ma tâche accomplie, je levais une nouvelle fois mon arme au ciel, criant des ordres à mes puissants cavaliers.

-À gauche ! Contournez leurs forces, retournez sur vos pos…

Je ne pus terminer ma phrase, mon cheval fut projeté au sol et moi avec lui, perdant ma lame décorée. Le dynaste avait réussi à faire venir les quelques gardes noirs en aide à ses arbalétriers et, frappant de son arme sanguinaire, il tua ma brave monture tandis que quelques princes dragons succombaient aux coups de hallebarde alors que les autres retournaient sur le flanc de notre armée.

Me relevant le plus rapidement possible, les cotes douloureuses par le choc de la chute qui me rappelait la douleur de mes blessures qui n’avait pas totalement cicatrisé, je dégainai l’arme si sombre trouvé près de la sorcière, prêt à me battre jusqu’à ma mort. Une nouvelle fois, je me retrouvais en état de concentration extrême, observant le moindre fait et gestes du dynaste qui en faisait de même avec, puis nous nous jetâmes l’un sur l’autre, échangeant de rapides coups dans le bruit du métal s’entrechoquant.

Nous continuions à nous échanger des passes d’armes alors que nombreux elfes périssaient autour de nous. La pierre que je tenais encore s’illuminait peu à peu, devenant finalement aussi luisante qu’un soleil d’un vert de jade. Bientôt, certains des fidèles combattants de notre armée luisante approchèrent du lieu de mon duel, n’osant intervenir, ayant un sens de l’honneur trop développé pour assassiner le belligérant Durchii. Pourtant, affaiblie par mon état, je ne pouvais rivaliser avec le commandant adverse, à chaque choc entre nos armes, je me retrouvais un peu plus sur la défensive, chaque seconde qui passait voyait la lame tortueuse de l’elfe noir se rapprocher de moi, jusqu’au moment où sa lame me fit une longue éraflure sur la joue.

Brandissant le joyau brillant d’un éclat verdoyant, j’en fis sortir un éclair dont la puissance était décuplée par la présence de nombreux morts autour de nous, repoussant le Durchii, abasourdi par ce qu’il lui arrivait, à une dizaine de mètres de moi. Il se releva difficilement, tandis que je me remettais en position, prêt à charger de nouveau. N’essayant même pas de se concentrer, ou de préparer un plan, le dynaste courut dans ma direction, pris d’une rage folle engendrée par sa haine envers mon peuple et la vision de sa victoire qui s’envolait. Évitant son arme de justesse, je lui entaillai le bras, déclenchant une réaction que je n’aurais soupçonnée.

Le Durchii se tourna vers moi, son regard était vidé de ses ressentiments précédents, seule la folie se reflétait de ses yeux vitreux. L’elfe noir se mit alors à rire, en tombant au sol et prenant une position fœtale. Le son qui sortait du Durchii était des plus sinistres, ressemblant au rire sombre des démons égorgeant leur proie. Il commença alors à creuser la terre sèche, toujours en position fœtale, puis continua son œuvre en y mettant une telle force que je pus entendre les os de ses doigts se briser sur les roches les plus solides. Voyant qu’il ne parvenait plus à creuser avec ses mains, il continua avec ses dents dans son rire persistant, se les brisant tout avant de s’achever lui-même en assénant de violent coup de tête sur le sol, se la brisant dans des gerbes de sang par la même occasion.

Pris de terreur par ce que je venais de faire, je m’éloignais à reculons du pauvre elfe d’un pas lent, puis je contemplais ma lame dans le plus grand silence, aucun bruit n’émanait des Asurs qui m’entouraient, tous étaient dans le même état de choc que moi. Je jetais alors l’épée au sol, voulant me laver de l’affront que j’avais involontairement commis, me retournant pour chercher un visage amical avec détresse.

Je cherchai, mais ne trouvais aucun soutien, que ce soit dans les yeux des fidèles guerriers citoyens d’Ulthuan ou dans le regard glacé d’Aérëndil. Je me sentais alors horriblement seul, abandonné de mes compagnons de Caledor et de celui qui m’avait si bien compris jusqu’ici. L’ordre fut alors donné de rentrer tandis qu’Aérëndil m’ordonnait de rejoindre dans sa tente. Tous écoutèrent son ordre et partirent, je me retrouvai vite seul, face au cadavre du Durchii au visage ensanglanté éclaté sur la roche. Je partis alors rechercher mon arme, celle qui brillait à la lumière et portait la mort dans les rangs adverses honorablement, passant à coté de l’autre, plus sombre et plus terrifiante.

Ramassant ma vielle lame, je me pris à contempler le joyau de jade que jamais je n’avais desserré. Celui-ci possédait un incommensurable pouvoir, qui fut en premier lieu déchainé sur mes compagnons et moi-même. Je me souvins alors de mon duel avec la cruelle sorcière, et plus particulièrement de l’instant où j’écartais les doigts de sa main tranchée pour récupérer le trésor pour lequel j’avais tant combattu. Je me souvins alors de la roche qui s’effondrait autour de moi et du sol qui tremblait, et de ma main qui le frottait jusqu’à toucher le métal froid de la garde de l’arme. Je ne sais plus vraiment pourquoi, mais je la pris avec moi avant de m’enfuir avec difficulté de cet enfer.

Retrouvant mes esprits, je partis de ce lieu remplit de cadavre, mais une nouvelle fois, mon regard s’attarda sur l’arme sombre. Je sentais qu’elle avait encore un rôle à jouer, que je ne l’avais prise par hasard. Pousser par un instinct plus fort que moi, je récupérais la lame, la plongeant précautionneusement dans son fourreau neuf, puis je repartis en direction du camp.

Je rentrais dans le camp dans l'ignorance totale des soldats, trop occupé à travailler pour préparer leurs navires ou soignez-les blesser pour m’accorder une quelconque attention, j’arrivais alors en direction de la tente d’Aérëndil. Je me stoppai avant d’y entrer, pris de la peur de me voir déchut de mon rang, perdant toute la noblesse qui fut mienne. Mais quelque chose me disait que j’avais encore une tâche à accomplir en ce monde avant de disparaitre à jamais, je sentais que quelque chose me protégerait jusqu’au jour où elle prendrait fin, ainsi, je rentrais dans le logement provisoire, fait d’une toile de qualité, du général de cet ost d’Ulthan.

À la question d’Aérëndil, je passai ma main sur mon bras, toujours brulant et humide. Il était stoïque, je ne pouvais déceler ses intentions dans sa voix, et ne pouvais interpréter son regard qu’il avait vite fait de tournée sur le rapport de la bataille. Certes, j’étais mal en point, mais mon arrogance me poussait à me montrer fort et soigné, refusant d'afficher mes faiblesses.

-Je sens toujours une sourde douleur, et mon sang s’échappe encore de ma blessure, mais ceci dure depuis des mois, je me suis habitué à ces lacérations. Mais vous ne m’avez convoqué pour cela n’est-ce pas ?

Je le toisai avec insistance, essayant de lui faire tourner le regard dans ma direction, espérant ainsi lire ses intentions. Il était certain que le véritable but de cet elfe était de savoir ce qu'était les puissant artéfact que je portait, m'obligeant peut-être ainsi à donner de nouveau détaille de ma triste odyssée.

Je pris place au côté d’Aérëndil, dans une bouffée de fumé qui n’était nullement agressive à mon odora, tandis que ce dernier versait un des meilleurs vins connu en ce monde dans de magnifiques coups de cristal. Avec surprise, je le vis sortir un imposant livre portant le nom de ma famille en lettre d’or. Mais ce qui me brisa intérieurement fut l’évocation qu’il fit de ma jumelle que j’avais tant recherché, celle pour qui j’avais tant sacrifié. Je sentis le temps ralentir devant moi, puis je me revis hurlant dans les ruines de ma vielle demeurent, je me revis crier vers les cieux que jamais je ne trouverais le repos tant que ma sœur ne serait pas retrouvée. Lorsque enfin je m’adressais à mon bienfaiteur, ma voix était brisée et mélancolique, mon regard reflétait la plaie intérieure que je couvais depuis si longtemps et qui s’était rouverte.

-Ma famille a perdu toute noblesse et tout prestige le jour où elle a décidé d’oublier nos plus antiques traditions guerrières, abandonnant l’œuvre de mes ancêtres et la fierté de Caledor. Ce ne sont plus que des politiciens couards, cachés derrière les murs du palais du roi phénix, mais là n’est pas le sujet, je vais vous expliquer tout ce que je sais de mes artefacts, mais promettez-moi de me dire tout ce que vous avez appris de ma sœur.

Je repris après un bref silence, ne laissant pas le temps à mon interlocuteur de répondre.

-Je ne vous avais pas tout raconté, je vous avais caché nombreux détails de ma plus terrible épreuve. Écoutez attentivement, car je n’en reparlerais certainement pas.

Ainsi, je racontais mon duel avec la sorcière Durchii, n’omettant pas le moindre détaille, pas la moindre parole et pas le moindre grognement douloureux. Je ne m’arrêtais que lorsque je sombrais enfin dans le royaume des ténèbres, à la sortie de la grotte, après avoir récupéré la pierre. De nouveau, il y eut un bref silence et je repris alors la parole, voulant faire tenir la promesse au général elfe qu’il n’avait pas eu le temps de décliner.

-Dites-moi désormais, qu’avez-vous appris sur Iraleath .

Repoussé une fois de plus par les forces démoniaques, Grossklak n'avait toujours pas décidé d'abandonner.

*C'est pas des boitt en conserv ki vont faire flipper Grossklak, sont fous eux!!!*

Il retourna donc une fois de plus dans la foret proche où se regroupaient ses semblables peaux vertes pour reprendre un recrutement intensif à coups de claques dans la face. Nombreux orques sauvages comprirent le message et se joignirent à lui, même un géant finit par l'accompagner après plus d'une heure de tabassage sans qu'il ne comprenne trop ce qui se passait. Malheureusement, les gobs des forêts proches tentèrent de se rebeller en envoyant une arachnarock bouffer une partie de l'armée orque.

"Moi veu ça, et si j'ai pas ça j'veux les ptits gobs pour les envoyer sur les démons rouges."

Aussitôt dit, l'armée se mit en marche vers le repaire des gobelins des forets. Ils arrivèrent peu de temps après et usant de sa discrétion habituelle, Grossklak hurla:

"Qui c'est vot chef les péteux taille basse?"

Un gobelin sur araignée s'avança, d'un air de défi, en brandissant une arme magique. La massue sale de Grossklak l'enfonça dans le sol avant qu'il ne morde l'araignée, lui arrachant la moitié de la tête.

"Bon, c'est la waaaagh, venez mes gobs!"