Nord des Montagnes Grises

Mavado arrivait enfin après une longue chevauchée au bord des montagnes grises, il ne lui restait plus qu'à traverser le fleuve Oiseil pour y pénétrer.
Les eaux du fleuves semblaient calmes, fort heureusement. Il fit avancer sa monture doucement. Elle ne semblait pas avoir peur, elle en avait vu d'autres. Il pénétrait lentement dans l'eau, le niveau montant de plus en plus jusqu'à ce que son destrier n'ai plus pieds et commence à nager.
Ils arrivèrent tranquillement sur l'autre berge, le courant les ayant à peine emporté de quelques mètres.

*Le plus dur reste à faire, courage.*

Les montagnes grises ne sont pas réputées pour leur hospitalité, bien au contraire. Elles constituent la frontière qui sépare l'Empire de la Bretonnie. Quelques défilés les traversent et sont empruntés par les voyageurs et les marchands, mais ils sont peu surs et impraticables en chariot. Seuls les mules et les hommes à pied peuvent les utiliser. Il s'y produit fréquemment des attaques de brigands, d'orques ou pire... Heinrich Kemler, le grand nécromancien appelé aussi le Lichemeister, se cache depuis des années quelque part dans ces montagnes. Il en sort parfois pour conduire une armée de morts vivants sur les terres de Bretonnie.

Il trouve un chemin étroit qui sillonne la montagne et s'y engage. La pente est raide et le chemin tortueux mais il reste praticable à cheval. Après une longue montée, il croise un groupe de marchands qu'il dépasse après les avoir salué.

"Encore un de ces suicidaires qui cherche le Graal." chuchota l'un d'entre eux à son passage.

"Il finira juste par se faire tuer comme les autres." chuchota un autre.

Le chevalier s'éloigne d'eux et poursuit sa route. Il se rend compte qu'avec l'altitude, l'air devient de plus en plus rare et le force à prendre de grandes inspirations.

*Rien à voir avec l'air frais du bord de mer auquel je suis habitué, je vais devoir m'y faire.*

Des cris de terreurs le firent subitement sortir de ses pensées; des cris venant de l'arrière, un peu plus bas sur le sentier.

"Les marchands!"

D'un coup sec sur les flancs, il envoie son destrier au galop. Il s'élance aussi vite qu'il peut, emporté par l'élan de la descente et, en moins d'une minute, ils se retrouvent au beau milieu d'un carnage. Les corps sans vie des marchands croisés un peu plus tôt gisent au sol, démembrés... Leur mule a subi le même sort.
Sans plus attendre, le chevalier dégaine son épée et se prépare au pire, mais rien ne se passe. Il reste juste une odeur de mort et un pesant silence.

*Ce silence est très étrange, même les oiseaux se sont arrêtés de chanter.*

D'un coup, sa monture se cabre. Elle semble très inquiète et jette des regards rapides dans toutes les directions.

*Il a sentit quelque chose.*

Sans pouvoir régir, il se fait attaquer par derrière avec une puissance telle qu'il est désarçonné et atterrit sur un rocher en contrebas. La violence du choc l'a à moitié étourdit et il peine à se remettre debout, son armure semblant plus lourde que d'habitude. En relevant les yeux vers la scène, il aperçoit son destrier courageux en train de se battre seul, à coups de sabots, mais il subit le même sort et est jeté à terre par la terrible créature.

"Un varghulf!" s'écria-t il.

Le monstre tourne à présent son regard assoiffé de sang vers Mavado, qui prend son courage à deux mains et brandit fermement sa grande épée. Pas de temps pour souffler, la bête sauvage bondit sans prévenir vers le chevalier, avec une rapidité déconcertante. N'ayant pas le temps de frapper, Mavado tend juste sa lame en direction de son agresseur, et subit le nouveau choc de plein fouet. En se relevant, il se rend compte que son épée est maculée de sang. Le varghulf s'est empalé lui même dessus. Il git, gravement blessé, quelques mètres plus bas. Mavado se précipite vers lui pour l'achever, lève sa lame bien haut, et lui tranche la tête d'un coup sec.
Il s'immobilise ensuite quelques instants, le temps de reprendre son souffle.

*On peut dire que j'ai eut de la chance, la Dame du Lac doit veiller sur moi.*

Retrouvant son calme et ses esprits peu à peu, Mavado se dirige lentement vers son destrier, craignant le pire... Il est rassuré lorsqu'il le voit se relever et se remettre debout sur ses sabots. Un large sourire apparait derrière son heaume et il part à la rencontre de sa monture, se rendant compte qu'elle ne souffre que de dégâts superficiels.
Heureux de la tournure qu'ont pris les événements, il se remet en selle et reprend sa route.

Cette journée avait décidément bien commencée. Alors que Loec et les siens croyaient avoir à pousser jusqu'aux terres des humains pour trouver des ennemis à châtier, ils étaient tombés sur une harde d'hommes-bêtes se trouvant juste en lisière de la forêt. Etrangement, ces êtres difformes étaient alors tournés vers la plaine extérieure, comme s'ils fixaient quelque chose sans pouvoir le rejoindre. Grossière erreur que la leur, ils auraient mieux fait de plutôt regarder sur leurs arrières, on ne tourne pas impunément le dos à la forêt d'Athel Loren! Sans s'interroger plus que nécessaire sur le comportement stupide de ces créatures (après tout pouvaient-ils au moins raisonner logiquement?), Loec et sa bande armée tombèrent donc sans prévenir sur les hommes-bêtes. Les archers eurent ainsi tout leur temps pour soigneusement viser le dos découvert de la harde, ainsi la première volée de traits fut particulièrement meurtrière. Nombre de ces créatures tombèrent ainsi raides mortes au sol sans jamais comprendre la raison de leur fin. Et le reste de ces sauvages eurent à peine le temps de se retourner qu'ils recevaient déjà la volée suivante. Une troisième série de tirs sur des cibles en totale désorganisation et alors que la harde commençait à vouloir s'abriter de ces tirs meurtriers, elle fut soudainement comme chargée par les arbres ayant pris vie, en fait les dryades accompagnant Loec qui venaient réclamer leur tribu de sang. Les êtres des bois furent sans pitié, animés d'une rage imprime à même leur écorce de part toutes les infamies que les leurs avaient subis de la part de ces créatures et de leurs semblables. Ce fut dans un bruissement de feuilles, craquement de branches et meuglements d'animaux abattus que la lisière du bois ft ainsi teintée du sang impie du chaos. Loec lui-même ne fut pas en reste, accompagnant la charge de ses alliés dans une folle sarabande dédiée à son dieu qui vint prélever de la pointe de la pointe de ses lames les vies de ses proies. La moisson fut ainsi plus que généreuse.

Ainsi, une fois les derniers blessés ennemis achevés et les fuyards abattus, les courageux guerriers d'Athel Loren purent prendre un peu de repos, penser leurs propres blessures et prendre soin de leurs morts. Après une telle équipée victorieuse, Loec estima qu'ils méritaient bien le repos le temps de retrouver leurs forces et leurs esprits. Se précipiter ne servait à rien, les ennemis de Loren n'allaient pas s'envoler en quelques jours et trop aller de l'avant sans prendre le tmeps de consolider chaque victoire pouvait mener au désastre. Néanmoins, si repos il fallait pour ses compagnons, Loec ne s'accordait pas la même mansuétude. Il portait le nom de son dieu car il lui était totalement dévoué, ne vivant que pour lui et ses desseins et non pour ceux de sa personne, il ne pouvait donc connaitre le repos. Et puis cette halte serait l'occasion pour lui de se rendre aux montagnes grises dont on apercevait les cimes d'ici. Là bas se trouvaient quelques anciens sanctuaires dédiés à son dieu, il pourrait ainsi s'y recueillir et veiller à ce que personne n'ait souillé le lieu de vie des alliés volants des elfes sylvains. C'est ainsi qu'après avoir donné ses instructions, le seigneur de cette équipée vengeresse prit le cap des monts proches.

***

C'est d'une démarche encore souple et rapide qu'il finit par arpenter le sol rocheux des montagnes grises. Les lieux semblaient sereins, amplis seulement des cris lointaines des grands aigles et faucons vivants au sommet de ces pics. Pourtant la nature semblait perturbée, Loec le sentait. Aux aguets, ses armes encore rangées dans son dos pour lui permettre de mieux avancer sur les pentes escarpées et les ravines, il partit ainsi à la recherche de ce qui avait pu ainsi s'immiscer dans l'ordre naturel des choses. Une odeur de sang et de cadavre en décomposition le mit sur la piste. Pourtant, loin de tomber sur un cadavre, ce fut sur un chevalier bretonien que l'elfe finit par aboutir au détour d'un piton broussailleux en hauteur. Observant alors un instant l'humain du haut de son perchoir sans pour le moment se montrer, il vit des éclats de sang maculer un peu partout l'armure du chevalier ainsi que le caparaçon de sa monture. Il devait avoir occis une grande créature pour ainsi se couvrir de fluide vital, à moins qu'il se fut acharné par pur plaisir, cela ne l'étonnerait pas de la part d'un humain. Quelle que soit la créature à laquelle il s'en était prit, de toute façon cet humain n'avait rien à faire ici. La plupart venaient capturer de petits animaux pour ensuite les maintenir en servitude ou bien simplement chasser le plus de bêtes possibles, ils ne pouvaient donc qu'être source de nuisance ici! Ah, si jamais il n'avait pas laissé sa lance au camp de son armée, il aurait pu essayer d'en finir directement avec cet inopportun en emportant sa tête d'un bon lancer. Au lieu de cela, il allait devoir se mesurer à lui fer contre fer. Mais peu importe en fait, cela serait au moins une occasion de rendre grâce à son dieu par une danse des plus violente teintée de sang, une fois encore.

Loec descendit donc de son perchoir avec la grâce habituelle de son peuple, semblant jongler avec chacun de ses pieds et parfois de ses mains pour arriver en bas de la corniche comme s'il se trouvait en simple terrain plat. C'est ainsi d'un pas assuré qu'il pas atterrir sur le chemin qu'empruntait le bretonien, à seulement quelques mètres devant lui. Là, dressé de toute sa hauteur et exhibant ainsi naturellement les tatouages dédiés à la gloire de son dieu visibles tout le long de sa peau nue, il dégaina en silence ses deux lames courbes dans un fin chuintement étouffé puis se plaça en équilibre sur un pied, ses bras déployés vers le ciel tel des ailes, une des innombrables postures de la danse de mort de son dieu. Alors seulement il prit la parole, d'une voix froide et cassante, sans le moindre ton de conciliation ou de raison.

Tu n'as rien à faire ici humain, prépare toi donc à ne plus y vivre très longtemps!

» Montagnes grises, non loin de la Baronnie de Malfort
» Au bord des montagnes grises.
» Centre des montagnes grises.
» Dans les hauteurs des Montagnes Grises
» Non loin de Parravon/Pied des montagnes grises