Près des montagnes.

Après des jours et des jours de marche à travers les Terres Sombres, Galrok et ses ogres arrivèrent finalement au pieds des Montagnes du Bord du Monde. L'immense chaîne de montagne les séparait du Vieux Monde. Le temps était couvert et un orage approchait à vus d'yeux. Galrok se tourna vers ses gars:
"Bon. Si on a pas envie de se prendre une saucée, il va falloir trouver une grotte où s'abriter. Et puis, on trouvera peut-être des bestioles à manger dedans."

Comme cela parlait de manger quelque chose, l'idée fut acclamer par les ogres affamées. La fatigue se lisait sur leurs visages joufflus. En même temps il fallait les comprendre:
Il avait passé des jours a traversé des terres hostiles, poursuivis par des nains du chaos vengeurs, traqués par des créatures mutantes venus du nord, et durent affronter des bandits hommes-bêtes ainsi qu'un géant soûl particulièrement agaçant.

Cependant, aucun ogre était mort, et cela ne fit que renforcer leur ardeur. Un des ogres demanda:
"Dites, chef, y a quoi comme truc à grailler la-dedans? dit-il en pointant les montagnes brumeuses.
-Bah, il y a pas mal de trucs. Quand j'y suis allé, il y avait plein de gobelins bizarres qui ont des capuches sur la tête. Certains magnaient de gros boulets qu'ils faisaient tournés sur eux-mêmes. C'était marrant car la plupart se tuait en les maniant. Après, il y a aussi pas mal de trolls pas comestibles, ainsi que des lézards volants, des boules rouges pleines de dents et aussi plein de nabos croustillants. Mais bon, je vous parlerais de ça plus tard. Pour le moment, il faut trouver un abri.

Sur ce long discours, les ogres repartirent au pas de courses vers la "sécurité" des montagnes.

Depuis sa prise de pouvoir à la tête du clan de la Lune Noire, Mavado passait ses journées à se prélasser dans sa salle du trône. Il n'en sortait quasiment jamais et restait assis dans son siège en or massif à donner des ordres. Ce fauteuil princier était incrusté de pierres précieuses disposées de façon géométrique. De nombreuses sculptures taillées dans les dorures évoquaient en détails des grandes batailles du passé. Inutile de préciser qu'il n'avait pas été créé par un gobelin... Il faisait partie des trésors d'un pillage mené récemment dans une forteresse naine. Seul un accoudoir avait été endommagé par les combats mais il avait été remplacé par le crane de son ancien propriétaire, ajoutant une petite touche gobelin sur cet ouvrage. Le chef Mavado se la pétait carrément assis là dessus, et peu après la précédente, une nouvelle idée lui vint à l'esprit. Il siffla un des ses nombreux servants qui paraissaient déjà épuisés, mais qui gardaient malgré tout une lueur d'envie de meurtre dans l’œil.

"Toi le ptit gob, amène toi, viens ici."

"Wé maître, c koi k'tu veux, maître!"

"Bon, avec ta tronche de péteux, tu va aller dans l'enclos à squig, tu trouve le plus gros, tu le dompte et tu me le ramène, pi si tu crève, heu, toi là bas, tu le remplace. Aller pchitt!"

Mavado sourit suite à son idée de génie, pendant que les deux gobelins désignés sortaient de la pièce. Il était à présent un chef d'une immense tribu, il lui fallait donc une monture digne de son rang. Il ne se voyait plus marcher à la même hauteur que ses congénères, en plus c'était le meilleur moyen pour lui de ne pas se faire assassiner.

Les gobelins chargés de la mission arrivèrent bientôt dans une excavation de la grotte qui abritait le troupeau de squigs. Les squigs sont des animaux à l’apparence monstrueuse possédant une immense bouche remplie de dents affutées, deux pattes et rien d'autre. Les gobelins de la nuit les élèvent comme les humains font avec des troupeaux de vaches. C'est leur principale source de nourriture avec les champignons, et même si cette nourriture dévore un gobelin de temps en temps, ils n'ont pas trouvé mieux pour les remplacer. Leur second intérêt est de servir de monture, aussi improbable que cela puisse paraitre...

"Lekel kon prend?"

"Le chef il a di ki fo un gros."

"Sont tous gros ces trucs là."

"Tin regade sui là, il vient d'en bouffer un."

"Wo lé balaize clair...vasy choppe le!"

Le pauvre gob n'était pas rassuré mais il entra tout de même dans l'enclos. Il survécut moins d'une seconde avant d'être démembré puis mangé par des squigs affamés.

"N'aurait ptet du faire sortir les zotres avant."

Le gobelin survivant regarda à gauche puis à droite, ensuite il partit en sifflotant. Le chef le croirait surement mort et il allait l'oublier, c'est ce qu'il espérait en se dirigeant vers la zone des jeux où se déroulait un concours de lancer de gobs. Cette zone est un des endroits de la grotte le plus grouillant de gobelins. Il y avait foule autour du bookmaker pour prendre les paris, chacun votant pour son favori. Le système monétaire gobelin fonctionnant sur le troc, l'argent n’existait pas donc ils pariaient ce qu'ils avaient: des armes, de la barbe de nain, des bijoux, des esclaves de toutes races, des objets magiques, des squigs dressés et pour les plus pauvres, des champignons. Les champignons de toutes sortes se trouvaient en abondance dans cette grotte, ils valent tous quasiment rien sauf pour les plus rares. Les paris faits, le duel allait pouvoir commencer. Un gobelin de chaque coté, et entre eux: un géant. Parmi ces deux gobelins, il y avait un favori et un challenger. Ils portaient un casque pointu ainsi qu'une paire d'ailes miniatures. Le géant allait les chopper pour les balancer au loin. Celui qui retombait à la plus grande distance avait gagné, même si il atterrissait mort. Le géant avait été trouvé par hasard, un groupe de cinq gobelins se promenait en discutant bruyamment lorsque l'un d'eux disparut dans une main énorme avait de se faire gober. Les autres se tordirent de rire en assistant à la scène puis ils eurent l'idée d'organiser ce concours.

Le premier concurrent s'était fait chopper puis lancer, mais il tournait comme une toupie et ne parvenait pas à se redresser. Il s'écrasa à vingt trois pas, avec la tête qui tourne. Au tour du second, le géant le balança dans la même direction, il parvint à se redresser et fila tout droit, tout droit dans une paroi de la grotte dans laquelle son casque pointu s'empala. Il resta accroché en l'air à se débattre mais il avait parcouru trente six pas! Le favori l'emportait et gardait son titre.

La journée touchait à sa fin, la nuit tomba sur les montagnes et il était temps pour les gobelins de la nuit de sortir de leur abri. Habitués à vivre dans le noir, ils ne sortaient que la nuit tombée sauf en cas d'urgence. Ils se répartissaient en petit groupes peu éloignés et organisaient des rondes pour voler tous les voyageurs qui passaient dans le coin. Un de ses groupes localisa une cible et décida de lui tendre une embuscade. Ne faisant aucun bruit et profitant de leur excellente vision nocturne, ils se positionnèrent autour de leurs futures victimes. Il s’agissait d'un paisible groupe d'ogres en vadrouille. Lorsqu’ils passèrent dans une faille creusée dans la montagne, vingt gobelins surgirent devant eux, en brandissant leurs arcs courts. Sans leur laisser le temps de réagir, vingt autres apparurent derrière eux et une cinquantaine sur les hauteurs au dessus de la faille, entourant totalement le groupe d'étrangers. Un ogre n'était pas réputé pour son intelligence, ils auraient pu croire que les flèches de petits gobs ne leurs feraient aucun mal, à tord... Les attaquants avaient donc décidé de faire venir pour l'occasion plusieurs balistes qui se positionnèrent sur les hauteurs. Balançant des projectiles capables de traverser même le plus épais des ogres de part en part, ils étaient certains d'être pris au sérieux par cette race peu évoluée. Un des gobelins situés à l'avant du groupe d'ogres se détacha de sa horde et fit quelques pas en avant. Il s'agissait du chaman du clan, l'illustre et respecté Fonzzdéboy, qui était également le second de Mavado. Il les toisa du regard avant de leur demander:

"Zêtes qui vous? Zavez des objets de valeur?"

La bande à Galrok venait de se faire encercler par une horde de gobelins de la nuit. A première vue, ils n'était pas très dangereux, mais ils sortirent de leurs antres des balistes à même de transpercer un ogre facilement. Les ogres ne foncèrent pas dans le tas, et observèrent tranquillement les gobelins pointer leurs cures-dents dans leur direction. Un gobelin s'avança alors, il devait être le chef, ou le chaman à en juger ses vêtements, de la bande.

"Zêtes qui vous? Zavez des objets de valeur?"

La plupart des ogres se grattèrent la tête, y compris le tyran. Le chef répondit:

"Ba, on est des ogres. Et n'a pas d'objets pour toi."

A ce moment, les ogres de derrière aperçurent de la poussière en contre bas s'élever de la plaine. Des cris gutturaux s'élevèrent également, accompagnés par un grognement sourd.
Un des ogres demanda:
"Sa ressemble pas à un bruit de rinox ça ???

Au même moment, des silhouettes blanches furent aperçus derrière les gobelins, se faufilant parmi les failles des grottes. Et aux même moment, une tempête soudaine de neige éclata.

Soudain, un cri se fit entendre:
"Yétiiiiisss!!!!"

Suite à la question posée par le chaman Fonzzdéboy, celui qui semblait être le chef de la petite troupe d'ogres répondit instinctivement:

"Ba, on est des ogres. Et n'a pas d'objets pour toi."

Le chaman ne comprenait plus. Les voyageurs pris en embuscade étaient généralement des marchands venus où allant vers les lointaines contrées de Cathay ou d'Inja, et ils avaient toujours un grand nombre d'objets et de marchandises de valeur avec eux.

*Non mais ceux qui passent par ici y zont tout le temps pleins de machins, pourquoi qu'il a rien lui?..*

Perdu dans ses pensées, le puissant chaman lança machinalement le sort pied de Gork quand il entendit du bruit venant d'un peu plus bas dans la plaine, faisant s'écrouler une partie de la montagne à peine quelques mètres plus loin, bloquant totalement l'accès. Ce qui avait causé ce bruit se retrouvait à présent soit enseveli, soit coincé derrière et il leur faudrait un sacré bout de temps avant de tout contourner pour les rejoindre. Apeuré ou bien distrait par le bruit de l'éboulement, un servant gob d'une des baliste ouvrit le feu sans faire express, transperçant un ogre de part en part.

"Ups, désolé le chaman, c'est parti d'un coup ce truk."

Toujours perdu dans ses pensées, Fonzzdéboy ne lui répondit pas de suite, mais de plus et plus de gobelins de la nuit se regroupaient autour du lieu de l'embuscade, surement attirés par la perspective d'un butin alléchant. Ils furent bientôt plus d'une centaine et lorsque des yétis firent leur apparition, ils se jetèrent tous dessus pour être les premiers à les capturer. Beaucoup perdirent la vie mais ils étaient tellement nombreux que cela ne changeait rien pour eux. Très vite les yétis furent capturés et leurs nouveaux "propriétaires" affichaient des sourires démesurés en imaginant contre quoi ils pourraient troquer ce genre de bestiole rare.
Enfin, le chaman releva la tête comme si il venait de reprendre ses esprits après une longue méditation.

"Hein, quoi qu'il dit lui? Bon vous là, les gros gras, vous viendez avec moi, j'vous emmène voir le chef."

Il ne s'attendait même pas à une réponse négative et leur fit signe de le suivre, sous une escorte démesurée de plusieurs centaines de gobs.

Au même moment, dans la grotte du clan de la Lune Noire, le chef Mavado commençait à s'impatienter sérieusement... Il passait son temps d'attente à boire les dernières réserves de bière de champignons qu'il avait confisqué, mais dans un moment de lucidité, il se rappela qu'il avait commandé un squig géant dressé.

"Où qu'ils sont les abrutis ki devaient m'ramener mon squig? Tiens, toi, toi, toi et toi là, les branleurs, ramène les moi vite ou j'vous crève. Aller pchitt!"

Les quatre gobelins désignés se résignèrent à obéir sans aucune motivation mais ils partirent d'un pas rapide histoire d'avoir l'air pressés d'obéir. Ils arrivèrent bientôt à coté d'une baliste que le servant pointait en direction d'un obscur corridor dans lequel on ne voyait rien du tout. Cela les interpelèrent et ils décidèrent de s'octroyer une pause pour aller voir ce qui se passait.

"Kes y fou lui avec son balance piques?"
"Hé toi là, koi ke tu vise avec ton machin?"

Le servant de la machine de guerre peu surpris d'être interrompus, se retourna vers eux pour leur répondre.

"Zêtes des nazs ou koi? G envoyé Ragnut à cent pas par là dans ce couloir. C'est une teknik pour voir si nos transperce bide sont prêt pour la waaagh ou pas."
"Mais Ragnut il sai pas compter jusqu'à cent lui, c'est un trop abruti."
"Wé c'est clair trop kil est con lui Ragnut. Compter sur ses doigt il sait même pas alors..."
"Chut, je test, fo bien écouter." dit-il en balançant le projectile de la baliste. A peine une seconde plus tard, un grand cri de douleur retentit dans la grotte, puis plus rien.

"Et voila un transperce bide de plus pour waaaagher!"

Les gobs semblaient tous satisfaits, sauf l'un d’entre eux qui pris à parti le servant de la baliste.

"ça s’appelle un balance piques"
"Non c'est un transperce bides"
"Balance piques!"
"Transperce bides!!"
"Balance piques!!!"
"Transperce bides!!!!"conclu le servant en éventrant son interlocuteur, bien content d'avoir eut le dernier mot. Les trois survivants continuèrent leur route paisiblement vers l'enclos à squigs mais ils se stoppèrent une nouvelle fois, et ce coup ci ils avaient entendu un bruit bizarre. C'était comme deux pierres qui claquaient entre elles. En apercevant des petits éclats de lumière, ils s'y dirigèrent jusqu'à se trouver en face d'un gob qui claquait deux silex entre eux.

"Y fou koi sui là?"
"Hé ho, koi tu branle toi?"
"C'est pas moi, j'fais rien moi!" répondit maladroitement le fautif en cachant quelque chose dans son dos.
"Koi tu cache là?"
"Koi j'ai rien moi, t'as pas vu toi, tu t'casse, j'sui un psykopat, j'vous bute tous, j'sui un fou moi! Bon ok c'est bon c'est bon. Voila koi, en fait voilà... J'ai choppé un champi, j'l'ai découpé en plein de ptits bouts, pi aprè g pris de la mousse séché pi j'l'ai mis dedans pi j'l'ai roulé en serrant bien pi là jessai d'lallumer koi!"
"Mais pourquoi tu fais ça, t'as qu'à prendre d'la bière de champi. C'est compliqué d'le fumer comme ça!"
"Y en a plus d'la biere de champi, alors c'est ça ou c'est rien."

Les gobs en mission se grattèrent la tête, puis ils décidèrent de se joindre à leur nouvel ami pour inaugurer cette nouvelle technique.

Les gobelins de la nuit emmenèrent Galrok et ses compagnons au coeur des montagnes, dans les ténèbres de la terre. Les couloirs se firent de plus en plus étroits, et les ogres durent se plier en deux pour avancer. Il débouchèrent finalement sur une immense grotte remplis de gobelins encapuchonnés faisant toute sorte de chose bizarre et sadique. De nombreux enclos de squigs étaient également aménagés, où on pouvait voir des gobelins téméraires sauter sur le dos d'un de ces monstres. On les fit ensuite entrés dans une salle qui s’appelait "la sall' du tron' ". La troupe arriva finalement devant un grand gobelin de la nuit (enfin, moins petit que les autres) qui devait surement être le chef, assis sur un trône de pierre décoré de cranes et de peintures représentant une lune noire. Le gobelin se pencha alors vers les nouveaux arrivants, regarda simultanément les ogres, les yétis, puis les gobelins qui les accompagnaient.

"Cé quoi ca encor'? Qui zetes vous dabor'?"

Les ogres n'avaient pas un gros potentiel en ce qui s'agissaient des négociations, mais Galrok était plus malin (en plus d'être plus fort) que ses camarades, et répondit:

"Nous sommes que des voyageurs fatigués venant de l'est, et on ne chercher pas les ennuis."

Le gobelin tourna alors son regard vers les yétis enfermés dans des cages de fer renforcés avec un tas de matériaux plus ou moins nobles. Certains gobelins s'approchaient des cages pour estimer leurs valeur et leurs compétence au combat. L'un des gobelins imprudent se fit alors agrippés par un des monstres poilus et fut démembrés puis dévorés par les bêtes polaires tandis que les autres gobelins s'écartèrent avec crainte.

Le chef dénommé Mavado se retourna vers les ogres:

"Et eu' la? Y fon parti d'vot' groupe?
-Euh non... bafouilla le chef de la bande. Il s'étaient pas avec nous quand on a croisés vos gars.
-Vou vou fouté d'moi, les gros gras!!! Et les autres ogres en contr' bas, il fon pas parti dla band' aussi??
-Bah...oui." répondit l'ogre d'un air innocent.

Le gobelin gratta son menton crochue, puis dit à ses gobelins de partir avec les ogres, à l'exception du tyran. Galrok et Mavado restèrent donc seul dans la salle, le gobelin observant l'ogre de ses yeux luisants.

"Di moi mon gros, pourkoi toi et té pot', vous vou aventuré si loin d'vot' coin??
-Euh..c'est une assez longue histoire à raconter j'dois dire.
-Mais c'né oas grav', dit le gobelin avec un sourire mesquin,Jai tou' mon tem' pour l'écouté ct'histoir'. Vien t'assoir ici, on va en parler autour d'une bièr' de champi."

L'ogre ne comprit pas vraiment pourquoi le gobelin voulait savoir, mais c'était un ogre, et vu qu'on lui proposait à boire et à manger, vu le nombre de bout de viande et d'os jonchant sur la table, il ne pouvait pas refuser ça.

Après avoir englouti un bon nombre de bières de champignon avec son invité, Mavado commençait à être un peu pété. Ses yeux ne voyaient plus très droit, son nez avait un peu rougi et il était encore plus bruyant qu'à son habitude. Tout autour de la table qu'il occupait avec l'imposant ogre étaient positionnés des gardes du corps qui guettaient avec inquiétude tout mouvement suspect de l’impressionnant nouveau venu. En les voyant aussi tendu, le grand chef gobelin se moqua d'eux et leur balança une bière bien remplie en plein dans la tronche.

"Buvez ça les péteux, zêtes tendus comme un snot."

Il s'en resservi aussitôt une nouvelle tout en mangeant une patte de squig. Il en renversa la moitié par terre avant de s'en resservir une autre. A l'entrée de la salle du trône apparaissaient discrètement de plus en plus de têtes de gobelins furieux. Eux qui n'avaient plus une goutte de bière en stock voyaient Mavado en train de vider toutes les réserves qui restaient dans la grotte. Bien que bourré, le chef se rendit compte de leur présence assez vite, et malgré son état, attrapa en un éclair un poignard dans sa veste avant de le balancer dans la tête d'un des curieux, qui tomba raide mort au pas de la porte, pendant que les autres disparaissaient très vite dans un vacarme tonitruant.

"Barrez vous, l'chaman est d'retour. Allez lui demander de refaire des réserves!"

Le chaman étant le seul de la tribu à savoir brasser de la bière de champignon, il était le seul à ne pas craindre pour sa vie. Personne n'aurait risqué de s'en prendre à lui pour ensuite se retrouver à cours de bière, et même nombreux étaient ceux qui travaillaient pour lui gratuitement pour l'aider à récolter les champignons dont il avait besoin aux quatre coins de la grotte, pour ensuite l'aider à préparer la mixture tellement appréciée. La recette était pourtant toute simple mais le chaman ne l'avait jamais révélé à personne, il préférait profiter de la situation!

Dans la salle du trône, Mavado fit signe à l'un de ses hommes de lui apporter le corps du pauvre gob qu'il venait abattre.

"Pose le sur la table, ça fera le dessert."

Il reprit son couteau et s'en servit une part avant de reprendre sa conversation avec le tyran ogre.

"Tu vois mon gros, Un gros machin comme toi, ça pourrait bien me servir. Je te propose de taffer pour moi et en échange, j'te file les champignons que tu veux. Répond pas encore, j'vais te montrer un truc. Viens gros."

Mavado se releva d'un bond et vérifia si il pouvait tenir debout. Une fois ses vérifications terminées, il se rendit compte qu'il pouvait à peu près marcher et il fit signe à l'ogre de le suivre. Ils se dirigèrent aux quartiers des prisonniers, sous une importante escorte gobelin. Ils arrivèrent très vite dans la salle en question, qui était gigantesque. Les prisonniers entassés à cet endroit étaient innombrables, et l'odeur se dégageant de cet endroit était pire qu'ailleurs dans la grotte. Le chef gobelin de la nuit se mit un foulard sur le nez et commença la visite. Il y avait un peu de tout, des humains, des elfes, des nains, des gobs, etc... mais Mavado concentra sa visite sur ce qui allait intéresser son visiteur. Un peu plus loin, il lui montra des ogres, dont des ventres durs et des mangeurs d'hommes; des gnoblars en grand nombre et les yétis capturés un peu plus tôt.

"Alors les machins blancs là sont déjà vendus donc y reste ke les autres de dispo dans ce coin."

Un peu plus loin, dans les profondeurs de la caverne, les cages devenaient de plus en plus grandes. Les plus imposantes prises étaient réunies ici, des griffons, des araignées géantes, des minotaures, et dans un coin se trouvaient des ferox.

"Y a personne pour monter ça par ici, donc ça se vend pas. Bon maintenant qu'on a fait le tour, tu me dis si tu taf pour moi ou pas. Pi si tu veux des mecs d'ici pour taffer, tu me di."

-Bah, j'croi que java accepté de tafer pour toi, car tu m'as l'air d'être un gobz sympa, et puis comme ça je vais pouvoir reformer ma tribu tiens.

L'ogre examina les monstres des montagnes se battre dans leur cage et dit:

"Bah ouai j'veux bien les prendre moi, et je vais prendre les ogres et les gnobz aussi tient, urk urk..."

Galrok était presque aussi bourré que le gobelin de la nuit, ayant comme son nouveau camarade avalé des quantités astronomiques de bière à champignons. Son nez était rouge comme un sanguinaire et il commençait à loucher du regard. Il désigna ensuite les yétis de son gros doigt.

"Et ceux-là? Tu voudrais pas me les filer? Steplait, moi je saurais en tirer profit plus que quinconce. Et sa sera plus rentable pour toi si tu me les donne et que je pille un tas de villages et tout avec que si tu les donne à quelqu'un qui va se faire bouffer au bout d'deux jours."

Le gobelin se gratta la tête, car étant soul comme un géant, il n'avait plus les idées claires...

"Et ceux-là? Tu voudrais pas me les filer? Steplait, moi je saurais en tirer profit plus que quinconce. Et sa sera plus rentable pour toi si tu me les donne et que je pille un tas de villages et tout avec que si tu les donne à quelqu'un qui va se faire bouffer au bout d'deux jours."

Mavado donnait l'impression de réfléchir à la proposition mais en réalité ce n’était pas le cas du tout. Il faisait semblant pour que personne ne remarque qu'il ne se sentait pas bien. D'un coup il s’arrêta d'un air songeur, faisant semblant de réfléchir à quelque chose, puis il regarda fixement un des gobs présents. Il se rapprocha de lui lentement et se stoppa juste devant lui. Il le regarda attentivement puis d'un coup, sans prévenir, il lui vomi dessus. La pauvre gob en fut recouvert des pieds à la tête et Mavado se redressa en souriant. Il se sentait bien mieux à présent et il pouvait répondre à la question posée par le tyran ogre. Il avait une idée en tête pour utiliser à son profit la puissance de son nouvel "ami" sans avoir à le payer.

"Les truks blancs là, y sont déjà vendus j'te dit. J'voudrai bien te les filer moi, j'sui cool t'sais bien, mais le seul moyen ça serait k'tu les rachète. Pi comme zavez rien de valeur sur vous, je vois qu'un seul moyen pour t'les filer. Gros, j'te libère les autres pi tu va piller l'village d'en bas des montagnes. Ce village pas loin c'est Cherni...Chernigov. Ti va, tu pille pi si tu ramène assez je te file les truks blancs."

Mavado fit un large sourire sadique à cette idée. Revendre à cet ogre ses propres unités et le faisant bosser en prime pour la Lune Noire lui plaisait bien. Pour que l'arnaque soit complète sans que les mercenaires ne se rendent compte de rien et même croient faire une affaire, il décida de leur filer des armes et armures gravées au symbole de la Lune Noire. Partout où les ogres sèmeraient la destruction, l'influence du clan grandirait. Le grand chef gobelin de la nuit avait fait sa part du contrat, il avait fait libérer toutes les unités que le tyran désirait, à l'exception des yétis bien entendu, puis il les avait armés et armurés. Il ne leur restait plus à présent qu'à prouver si ils désiraient toujours travailler pour les gobs, ou pas.

"Alors le gros, ça pille?"

Comme promit, Galrok et ses compagnons furent équipés, les gnoblards furent rassemblés et un lance-féraille fut attaché à un rinox. Les férox furent sortis de leur cage et, après plusieurs sanglants essais, cinq d'entre eux purent être montés.

Une fois armés et armurés, Galrok et ses ogres partirent descendirent vers l'Empire, où il y aurait surement un tas de villages à piller pour commencer à se forger une réputation. Après deux jours de marche dans les montagnes, les ogres arrivèrent au frontière de l'Empire. De vastes forêts recouvraient le paysage, ce qui plaisait moyennement aux ogres. Voyant les mines peu réjouis de ses guerriers, Galrok déclara:
"Je sais qu'il y a un peu trop d'arbres... Mais il faut voir ça du bon coté: ces faibles villages sont idéales pour ce faire une bonne petite réputation dans le coin, et une réputation pour notre copain le gobelin."

Un gnoblard longue-vue aperçut alors un petit village pas loin d'ici faisant apparaître un sourire carnassier sur le visage joufflus du tyran. Le pillage de l'Empire pouvait commencer...

Le vie est pleine de surprise. Le monde peut changer en un instant, et des pays en paix peuvent se livrer une guerre sans merci d'un seul coup. Les guerres frappent sans prévenir, même dans un monde où la guerre est l’activité la plus répandu. La tribu de peaux-vertes de Gorbash eul' Découpeur fit partis de ceux qui furent pris par surprise par un évènements assez important. Alors que la horde verte assiégeait la ville d'Altorf et s’apprêtait à affronter une armée de morts-vivants, des phénomènes survinrent du nord. Plus tard dans la journée, les nouvelles traversèrent vite la région, comme quoi une immense armée d'invasion démoniaque envahirait le monde ENTIER ! Quatre noms de pays revinrent sans cesse dans les oreilles des gens qui voulaient savoir où les démons du chaos attaqueraient-ils: Naggaroth, Kislev, Grand Cathay et les Royaumes Ogres. Le premier n'intéressa pas les sauvages verts, car ils étaient trop loin de ce pays. Le deuxième et le troisième était des pays grouillant d'hommes à buter, mais le fait que nombre d'autres armées y aillent rebuta l'envie des peaux-vertes. La dernière cependant, attira leur attention. En effet les Royaumes Ogres portaient leur nom à juste titre, et peu d'armées oseraient pénétrer ces chaines de montagnes réputés pour être remplis de bêtes des cavernes aux proportions démesurées et de tribus d'ogre mal-léchés. Mais le chef de guerre Gorbash n'avait pas froid aux yeux, pour avoir déjà voyagé à travers ces montagnes hostiles. Il se souvint même avoir conclu une alliance avec une tribu d'ogres, chose surprenante lorsque l'on connait la mémoire primitive des orques. En dehors de tout ce grabuge qui mettait le monde sans dessus dessous, les peaux-vertes eux, étaient aux anges. La tribu des Trips' eud' Fer avait une destination, et pourrait livrer une bataille digne de leur sauvagerie contre les hordes du chaos. Ils pourraient visiter les Royaumes Ogres, qui fait partis d'un des principaux pays touristiques pour les peaux-vertes.

La tribu était arrivée à la frontière de la Plaine de Zharr, royaume de souffre des nains du chaos, par une belle journée couverte par la pluie et les orages. Derrière eux s'élevaient les Montagnes du Bord du monde. La tribu était toute enthousiaste à l'idée de découvrir des contrées exotiques et éloignés, méconnues de leurs mémoires, où ils pourraient rencontrer des semblables, des "couzins germin'". Gorbash eul' Découpeur se tenait droit, aux devant de sa horde, regardant la vaste plaine noire, d'où il pouvait à peine distingué les Montagnes des Larmes à l'autre bout. L'orque se retourna vers sa tribu, qui cessa tout bruit et attendit qu'il prenne la parole.
"Bon... commença t-il, On va mintnan partir pour un looooonnnnnnng voyag'. Donc j'espère ke personn' n'as rien oublié et ke z'avé pris de quoi acheter dé truc souvenirs lorsqu'on repartira, a ce qu'il parait y plein de bidonvilles de gnoblards au sud où ils vend' plein de truc souvenirs. Pour ceux qui ont des snot' de compagnie, vous lé mettez dans vot' sac pour pas qu'ils se perdent, et pour ceux qui voudrai laisser leurs squigs gambadé dans la nature le temps qu'ils se défoul', oublié pas de les garder à l'oeil, à bonn' distance bien sûr. Enfin, pour ceux qui ont des champis halicinogèn', le premier que je vois en sortir de son sac durant le voyage en dehors des pauses, j'lui colle moi-même un pain dans sa troch'. C'est comrpis ?"

Le chef de guerre vit la déception de nombreux gobelins de la nuit qui s’empressèrent de ranger leurs réserves de champignons. Une fois que toute la tribu fut prête, un cor de guerre résonnât, et les peaux-vertes partirent pour l'est lointain. Chacun était impatient de livrer bataille contre les démons du chaos, ou même découvrir les célèbres Royaumes Ogres dont les légendes racontés par les chamans au coin du feu faisaient rêver chaque orque ou gobelin. Ils rencontreraient peut être également des tribus ogres, qui les aideraient sûrement à combattre l'invasion, car les ogres vivent eux aussi pour se battre, pour manger et pour être les meilleurs. Ces deux peuples, bien que s'étant souvent battus pour un rien, s'entraideraient donc facilement pour une cause commune, telle est l'avantage lorsque l'on est pas très civilisé...